CR Raid Chamonix-Zermatt (du 4 au 10 avril 2015)

Nous partîmes cinq pour une aventure de six jours (du 4 au 10 avril 2015), la route classique Chamonix-Zermatt par les refuges d'Argentière, du Trient, de Valsorey, du Chanrion et des Vignettes. La liaison Champex->Bourg Saint-Pierre s'est faite en taxi. Nous rentrâmes quatre de Zermatt, suite à l'abandon mécanique de Sébastien (voir la suite…) avec du soleil plein les yeux, de très belles rencontres, des histoires de toutes sortes et quelques nouvelles blagues à distiller dans les soirées mondaines.

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Le Mont Cervin

Participants : Elsa, Luc, Sébastien, Benoît et Adam (Grimpe 13).

Le Groupe :

  • Elsa est atypique. Beaucoup plus à l'aise sur la glace que sur la neige, elle ne se laisse jamais démonter par un nouveau challenge. C'est aussi une machine à sourires et à éclats de rire.
  • Luc est l'instigateur de la rando. D'apparence toujours calme, il est souvent concerné par le temps. Sa sagesse, sa condition physique et son expérience en montagne inspirent la confiance.
  • Sébastien est doux et conciliant. Un peu rêveur, il se fait parfois peur. Il aime le groupe. Tu nous a manqué les derniers jours, mec !
  • Benoît est drôle. D'un humour décapant mais jamais déplacé. Méticuleux et pas du matin, il prend son temps mais avance indéniablement.
  • Adam est en train de rédiger ce CR.

Le Parcours :

On devait partir le vendredi 3 avril au soir par train couchette. Pour éviter le samedi dégueux, on est finalement parti avec un direct samedi matin tôt. On a dormi à Saint-Gervais chez Grégoire, rencontré la semaine d'avant, après avoir bullé toute l'après-midi. Dimanche, on prend le train de 8h05 direction Argentière, où on arrive après 9h. Erreur ! On va passer toute la matinée à faire la queue : pour les forfaits, pour le premier tronçon, puis, horreur, une heure d'attente pour le télécabine des Grands-Montets (3295m).

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 Trajet Chamonix-Zermatt. Rouge = Remontées Mécaniques, Bleu = Ski, Cercles = Refuges, Vert = Taxi.

J1 : Argentière → Le Refuge d'Argentière (2771m)

Dénivelé : +240m/-720m, Cotation : PD, Durée : 3h00

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En haut des Grands Montets, on est au dessus de la mer de nuage. On peut y voir Les Drus, le massif du Mont-Blanc…

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…la vallée du Glacier d'Argentière (au fond le Mont Dolent)…

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… le col du Chardonnet, qu'on passera le lendemain. En face, la Suisse.

Étape facile, sauf le louvoiement à la boussole dans le brouillard entre des barres à gauche et un sérac à droite. Pendant les rares éclaircies, la vue est magnifique.

J2 : Refuge d'Argentière (2771m) → La Cabane du Trient (3170m)

Dénivelé : +1100m/-700m, Cotation : AD, Durée : 8h00

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Panorama depuis la Cabane du Trient.

Journée clé avec le passage du col du Chardonnet (3321m). Pendant la montée, dans le blizzard (80km/h) et le froid (-11°C), Benoît se gèle un pouce dans une galère de peau. En haut, on fait la queue une heure pour le rappel sur corde fixe ; il fait pas chaud malgré le soleil. Sur le glacier de Saleina, il fait bon à l'abri du vent. Séb connaît un premier déboire matériel en perdant un crampon dans la fenêtre de Saleina (3261m). On déjeune au sommet. On arrivera au refuge vers 15h après une dernière courte remontée.

7 Le vent dans la montée du Chardonnet. Ambiance antarctique.

 

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La descente du col du Chardonnet. Sur corde ou à skis… au choix.

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 La fenêtre de Saleina. En bas, Séb galère avec ses crampons.

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Pouce gelé et bière.

J3 : Cabane du Trient (3170m)→Champex ; Bourg-St-Pierre→Cabane de Valsorey (3030m)

Dénivelé : +1600m/-1900m, Cotation : AD, Durée : 9h+ (Taxi compris)

De loin l'étape la plus éprouvante du parcours. On y a perdu un piolet, une fixation arrière, Sébastien, nos illusions et beaucoup de sueur. Le col des Ecandies est beaucoup plus dur qu'annoncé. La descente vers Champex est un régal de poudre. On prend le taxi vers 9h après avoir perdu le piolet de Séb (dans une chute). À 10h, on est à nouveau sur les skis à Bourg-Saint-Pierre. En fait, on va beaucoup porter et pas mal galérer sur une neige de fin de saison. C'est dans une descente sur peaux que Séb casse définitivement une fixation qui faisait déjà la gueule. On ne peut rien faire ; il est contraint de faire demi-tour à pied. Il sera de retour à Paris le soir même en stop+train. Pour les quatres restants, après un déjeuner en fond de vallon, c'est la montée vers Valsorey. Ça se vit, ça ne se raconte pas…

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Sérac du Trient. Certainement un yéti à gauche…

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Col des Ecandies

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Le Drame !

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Panorama depuis Valsorey

J4 : Cabane de Valsorey (3030m) → Cabane de Chanrion (2462m)

Dénivelé : +1100m/-1640m, Cotation : D, Durée : 6h00

Après avoir déjà sauvé un ski de Benoît d'un descente solitaire inévitable au col des Ecandies la veille, Luc commencera sa journée par sauver un couteau de Pierre le québecois d'un divorce vertical. Et hop, une bière gagnée de plus !

Journée tranquille malgré la première ascension cotée D pour la glace (3658m). Majorité de descente dans une neige souvent encore plus qu'acceptable. On passe le col du Sonadon (3504m) puis contourne le Mont Avril autour de 2900-300m avant de descendre en fond de vallon où on déjeune en plein soleil assis sur des cailloux avec nos amis québecois.

Après le plein d'eau (à 10 balles la bouteille de Cristalline, un torrent c'est de l'or liquide), on avale les 200+m vers la Cabane de Chanrion en une demi-heure pour passer l'après-midi en terrasse à glander grave !

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Mont Avril depuis Chanrion.

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Panorama depuis Chanrion.

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Rosti Rösti !

J5 : Cabane de Chanrion (2462m) → Cabane des Vignettes (3160m)

Dénivelé : +1400m/-700m, Cotation : AD, Durée : 7h00

Journée la plus chaude et sans vent. On va déjeuner au sommet du Pigne d'Arolla (3790m), point culminant du trajet pendant au moins une demi-heure, trois-quart d'heure.

Pour atteindre le sommet, on remonte le glacier de la Serpentine jusqu'au col éponyme puis nous accédons au col du Brenay par un petit raidillon dans lequel on remettra les crampons. La fin de l'ascension est évidente.

Après le déjeuner, on chausse pour descendre vers le refuge, en contrebas, accroché sur une falaise. La neige est fondue et collante…

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Le sérac du glacier de la Serpentine.

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Au sommet du Pigne d'Arolla (3790m).

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Panorama depuis le Pigne d'Arolla. On voit toutes les Alpes !

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Dent Blanche (à gauche) et Mont Cervin (à droite) depuis le Pigne d'Arolla.

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Le refuge des Vignettes, pendu dans la montagne…

J5 : Cabane des Vignettes (3160m) → Zermatt (1754m)

Dénivelé : +1250m/-2800m, Cotation : AD, Durée : 8h00

Aujourd'hui, on est sous pression. Le dernier train pour Paris depuis Zermatt part à 15h37. Faut pas le louper et l'étape est longue, très longue… Alors on part sous la lune à 6h00 sur une neige glacée, au milieu des coulées de soupe de la veille. Et c'est rapidement la faute ! On regarde tous pendant de longues secondes le ski de Benoît dévaler la pente vers une perte certaine. Il s'arrête presque,… et repart de plus belle. Jusqu'à se planter dans la neige 150m plus bas ! Quelques mètres de plus et il entamait la pente raide du glacier où il aurait définitivement disparu.

Mais bon, on a du cul, et on enchaîne les trois ascensions de la journée : peauter, dépeauter, peauter, dépeauter, etc. Col de l'Évêque (3395m), tour de la Vierge, Col du Mont-Brulé (3213m, moins raide qu'il n'y paraît!), longue remontée du Haut-Glacier de Tsa de Tsan vers le col de Valpelline (3554m). De Valpelline, la vue est à couper le souffle et l'émotion est grande !

La descente vers Zermatt est dure à skier, sinueuse et dangereuse, mais très changeante en terme de paysage. On flirte avec les crevasses et les barres rocheuses. C'est le pendant opposé de la montée à Valsorey. On arrivera à la Gare de Zermatt vers 14h pour prendre le dernier train et quelques bières.

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Petit matin, départ sous la lune.

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Glacier de Tsa de Tsan et Col de Valpelline. Depuis le Col du Mont-Brûlé.

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Dent Blanche, Mont-Cervin et Dent d'Hérens depuis le col de Valpelline.

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Dernier sommet avant la grande descente !

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Glacier au pied du Cervin.

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Le Mont Cervin.

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Apéro !

Extraits choisis :

1) Un guide…

- « vous savez qui je suis moi ? C'est mon grand-père qui a ouvert ce col. Il aurait honte de voir une corde ici ! »

2) Un autre guide…

- « Je vais être très clair : j'en n'ai rien à foutre de vous ! »

3) Luc et la gardienne du refuge d'Argentière :

- « Vous avez le BRA pour demain ? »

- « Le quoi ? »

- « Le Bulletin Risque Avalanche ? »

- « Bah vous allez où vous ? Au Chardonnet ! Ça a été tracé aujourd'hui, ça risque plus rien ! »