Retour à quatre mains du stage initiation alpi FSGT - Juillet 2015
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- Category: Récits des sorties
- Published: Tuesday, 06 October 2015 18:51
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Margot et Maël nous racontent leur séjour....à quatre mains
L’alpinisme. L’alpi pour les intimes. Ce mot qui fait rêver de grands sommets, de grands espaces, de montagnes vierges et sauvages…
Ou qui fait has been, pour certains. Les gardiens de refuge le disent, il y a de moins en moins d’alpinistes qui viennent dormir en refuge.
Mais l’alpinisime à la FSGT n’est pas mort ! Tous les ans se tient le rassemblement d’alpinisme, cette année à Chamonix.
Aaah, Chamonix et ses sommets qui en ont fait rêver plus d'un … Des noms mythiques, que j'ai croisés depuis toute petite, sur les cartes ou dans les livres, de la Verte aux Drus, des classiques Top25 à Frison-Roche, en passant même par Tintin au Tibet (ouioui!). L'alpinisme, enfin ! Nous partons la fleur au fusil, légers (enfin, techniquement pas vraiment ! cf plus bas ;) ) et enthousiastes.
Retour à quatre mains sur dix jours pas comme les autres.
Avant de partir, on m’avait prévenu : à Chamonix, le temps est pourri (et c’est pas pour la rime, de toute façon elle est pauvre). Tous ceux qui y sont allés le disent, on attend le beau temps, parfois longtemps. Mais cette année, que nenni !! Dix jours de pur beau temps et de chaleur ! Cool, mais c’est pas bon pour le repos. Ni pour les courses de neige, la faute à la canicule de début juillet.
Avant de partir, il faut aussi préparer son matos. A l’opposé de l’équipement minimaliste du grimpeur de bloc, l’alpiniste a besoin de beaucoup de matos ! Crampons, piolet, corde, casque, baudrier, coinceurs, sangles, chaussons, chaussures d’alpi, lunettes de glacier, veste et autres vêtements techniques… Plus parfois le matos de couchage si on part bivouaquer, le sac se remplit vite, très vite… Trop vite ! En faisant, défaisant, refaisant mon sac, je contemple d'ailleurs d'un regard toujours aussi circonspect le tas de trucs nouveaux empruntés à la Coop Alpi (clin d'œil à cette super initiative des clubs FSGT qui permet à tous les adhérents d'emprunter le matos spécifique pour l'alpi donc, mais pas que!) : une broche à glace, des coinceurs, hmmm, mais pour quoi faire ? Dans quoi me suis-je donc embarquée ?!
Arrivés à Chamonix, il faut avant toute chose s’acclimater. Qui dit alpi, dit haute altitude et il s’agit donc de ne pas attraper le mal des montagnes, ce serait quand même bête. Et pour s’acclimater, rien de tel qu’une première journée qu’on appellera « école de neige ». En quelques mots, un sac bien chargé (sinon c’est pas drôle), quelques heures de rando et on arrive sur un névé (situé assez haut en altitude si vous avez suivi, canicule, tout ça…). Un névé ? Oui, une accumulation de neige à un endroit, sous la limite des neiges éternelles, et qui perdure pendant l’été. L’école de neige consiste à faire les gamins dans la neige en se jetant dans la pente, sur le dos, sur le ventre, tête en haut, tête en bas… On fait des galipettes, on fait "l'araignée", on fait du gym-kana version sports d'hiver. Pour un peu, je me croirais presque un mercredi soir à entrainer les enfants ! C’est fun mais pas que : le but du jeu est d’apprendre à arrêter sa chute rapidement, pour éviter une chute mortelle pendant une course. Hum, oui, rien que ça.
Mais pas de panique, en alpi, on ne tombe pas. Encore moins qu’en escalade.
L’école de neige passée, c’est parti pour les premières courses ! Autour d’un apéro, les initiateurs proposent aux débutants des courses, puis les groupes se constituent. Margot & moi partons le lendemain avec Vivien et Clément, plus quelques autres, pour le refuge d’Argentière. Au programme, deux courses : le gâteau de riz, pour gravir l’Aiguille du Refuge et l’arête Sud de l’Aiguille du Génépi.
Deux belles courses. Vivien et Clément annoncent que la première nous emmène dans du 4c max, ça passe en grosses. Les grosses ? oui, ce sont les chaussures d’alpi, qui sont vraiment grosses. Eh oui, l’alpi c’est aussi beaucoup de vocabulaire ! hum, ça passe en grosses donc. Mouais. On met quand même une paire de chaussons pour trois dans le sac, au cas où on aurait du mal à passer en tête… Et finalement, sur trois cordées, seule celle de Margot, Vivien & moi gardons les grosses jusqu’au bout. Les autres mettront rapidement les chaussons… Et y'a pas à dire, quand on n’est pas habitué, du 4c avec les grosses et sur coinceurs uniquement, ça donne des sensations fortes ! Rajoutons à cela des itinéraires semés d'embûches inhabituelles … Au hasard une fissure, à "chevaucher", littéralement, avec une protection à récupérer tout au fond de ladite fissure (et une grimpeuse coincée dedans, le bras trop court, les grosses trop grosses – bien sûr toute ressemblance avec une personne existante et des faits réels ne serait que pure coïncidence, je prends cet exemple au hasard ^^) ou la découverte du fameux passage en râteau de chèvre (qui occasionne d'ailleurs des palabres sans fin mais plutôt rigolotes, de retour au refuge. Visiblement nos spécialistes ne s'accordent pas franchement sur sa définition).
Retour au camping, camp de base du rassemblement, pour une journée de repos. Comment ça une journée de repos ? Il fait super beau, faut en profiter ! Alors zou, on repart à trois cordées dans les Aiguilles Rouges, en face du massif du Mont Blanc. Au programme : la Chapelle de la Glière, arête S, Margot & moi sommes encordés ensemble, mais juste tous les deux, plus d’initiateur avec nous sur la corde… Pas très rassuré avant de partir (on a quand même plusieurs longueurs de 5a, tout sur coinceurs évidemment…), toute crainte sera dissipée une fois la course commencée ! Moui. On ne vous raconte pas tout non plus hein ... Hum, bref. En plus, on a mis les chaussons, rahlala ! qu’on est bien pour grimper avec les chaussons ! Et on a même réussi à finir la course à temps pour avoir le télésiège qui nous redescend dans la vallée au retour !
Les courses s’enchaîneront ensuite sans beaucoup de repos, beau temps oblige. On atteint des sommets, et peu importe la difficulté de ce qu’on vient de parcourir, les paysages majestueux nous font se sentir les rois du monde pour un moment. On se tait, on admire l’immensité, la beauté de ce qui s’étale devant nous. Et on reste concentré car il faut encore redescendre, et ce n’est pas forcément chose aisée. Surtout dans la neige, vraiment collante et glissante dans l'après-midi (nul besoin de vous rappeler les conditions climatiques, vous suivez toujours !). En effet, pour cette deuxième partie de séjour, Vivien, Rémi, JB et Florian nous emmènent au pied de la pointe Helbronner, au refuge Torino, du côté italien du Mont Blanc. D'ici, panorama encore splendide ! Coucher de soleil sur le Cervin au loin, lever de soleil sur le Mont Blanc qu'on croirait toucher en tendant le bras tellement il semble près. Et deux belles courses, mixte cette fois : la Tour Ronde, arête SE d'abord, puis la traversée des aiguilles d'Entrèves pour finir.
Pour clôturer ces dix jours, Roxanne & Nicole (nos voisines de cordées jusqu’ici), Margot & moi décidons de partir pour une course en totale autonomie, sans aucun encadrant. On choisit une course assez simple, la traversée des Crochues, dans les Aiguilles Rouges. Rien de difficile côté escalade dans la course et l’itinéraire est réputé évident, car un des points les plus difficiles de l’alpi est de calquer quelques lignes lues sur le topo à la réalité de ce qu’on a devant nous. L’exercice est bien plus compliqué qu’il n’y paraît…
Mais l’itinéraire de la traversée des Crochues est effectivement évident et après un somptueux bivouac près du lac Blanc (dans lequel nous nous sommes baignés, si si !!), nous ne faisons qu’une bouchée de cette course.
De quoi nous laisser un goût de « j’en veux encore !! » et de « on r’met ça quand ? »…
Heureusement pour moi, je pars ensuite avec Luc à la Bérarde, les festivités ne sont à ce moment-là pas terminées :-)
Maintenant si. Et vivement l’été prochain pour remettre ça !
De mon côté la rando, que j'affectionne pourtant tout particulièrement, ne m'a jamais semblée aussi frustrante ;) Ces 10 jours étaient bien trop courts, mais tellement géniaux ! Finalement, l'alpi c'est comme la grimpe, une fois qu'on a chopé le virus, pas moyen de s'en défaire. Comme le dit Maël, vivement l'été prochain !
Avant de vous laisser rêver vous aussi de courses et de sommets, on adresse un énorme merci à Vivien, Nicole et Roxanne qui nous ont supportés tout le séjour, et à tous les compagnons de cordée qui nous ont accompagnés ça et là. You rock guys !