séjour dans les Calanques: le récit de Julien

Calanques. [Nom féminin pluriel, à prononcer “avé l’assent”]. Désigne les vingt kilomètres de falaises blanches qui tombent dans la Méditerrannée au sud de Marseille. Attire chaque printemps une poignée de Grimpetreiziens à la recherche de soleil, de garrigue odorante et de calcaire accrocheur.

Cette année encore, un groupe d’une vingtaine de grimpeurs parisiens ont enfilé chaussons et baudriers du 19 au 26 avril, à l’assaut des falaises des calanques de Sormiou et de Morgiou. Un séjour bien rempli, perturbé par quelques rares ondées.

Escargots et écologie

Premier dimanche. Tous les grimpeurs sont arrivés, répartis en deux gîtes, – l’un dans un grand appartement moderne (gîte 2), l’autre plus rustique (gîte 1), mais équipé d’un petit jardin et d’un barbecue. Au réveil, le ciel est menaçant, les escargots marseillais sont de sortie. Décision est prise pour les occupants du gite 1 de randonner jusqu’au cap Morgiou, une balade de quelques heures, guidée par Luc présent pour le week-end. C’est l’occasion pour les profanes de repérer le coin et les différents secteurs d’escalade. Pendant que l’équipe du gîte 1 se dégourdit les jambes, celle du gîte 2, plus confiante dans la météo phocéenne, va découvrir le rocher et réviser les techniques de corde sur une falaise école toute proche des logements. Grâce à la proximité des voies d’escalade – les premiers secteurs de couenne sont à moins d’une demi-heure de marche – , l’intégralité du séjour se fera sans voiture.

Arrête du Bec

Beaucoup des marches d’approche passent par le col de Sormiou, en haut duquel on appréciera chaque jour la vue vers la mer et la petite plage de sable de la calanque du même nom. Quelques courageux iront s’y baigner les jours les plus chauds.

Dès le lundi, des équipes se forment pour partir à l’assaut des grandes voies. Une des plus parcourues du séjour sera celle de l’Arrête du Bec, abordable (longueurs en 4) et qui offre une très jolie vue sur la calanque de Sormiou et l’île de Riou. La plus impressionnante – probablement la Momie -, avec un fameux pas à faire dans le vide entre deux pitons rocheux – sera grimpée plus tard dans le séjour.

La palme de la voie la plus longue – en 12 longueurs – revient à Emmanuel et Anne avec l’Arrête de Marseille. Tellement contente de sa course, Anne en oubliera ses chaussons au sommet (des Katanas bleus si jamais vous tombez dessus…)!

Pour les débutants et les amateurs de couenne, les premières voies d’une longueur sont gravies dans les secteurs de la Colline de Lun et Lou Spigaou. Le premier, tout proche du quartier de la Cayolle où se trouvent les gites, se dresse en pleine garrigue. Le second – souvent fréquenté par les groupes du centre UCPA installé sur la plage en contrebas – offre des voies de tous niveaux et une jolie vue sur la mer bleu azur. Partout, ça sent le thym et le laurier sauvage.

Bougies

Le lendemain, la journée de grimpe se conclut par un repas pris en commun dans l’ambiance toute familiale du gite 2 (moderne mais en appartement. Vous suivez?). Cuisine exotique et émotion au menu avec, au moment du dessert, l’anniversaire de Manu. Le “papa” du gite 2 souffle avec un peu d’avance ses vingt (et quelques) bougies.

Au fil des journées de grimpe, la composition des cordées change, les plus expérimentés emmènent volontiers les débutants. On révise les manips tous ensemble. Que ce soit à Tiragne, Rumpe Cou ou autour du Bec, tout le monde à la fin du séjour aura grimpé au moins une grande voie. Une solidarité qu’on retrouve au moment des repas, cuisinés et pris dans la bonne humeur. Le jeudi, nouveau repas en commun, cette fois-ci dans le jardin du gîte 1. Après les brochettes, on refête l’anniversaire de Manu – l’organisateur en chef du séjour vaut bien ça.

ménage

Vendredi, les quelques gouttes de pluie freinent les ardeurs de certains. Même si la semaine a été déjà intense, sans jour de pause depuis le lundi, quelques groupes partent quand même en grande voie. Hubert, certainement le grimpeur le plus “capé” du séjour, emmène Amandine, dont c’est le premier séjour sur falaise, dans l’Arrête du Bec. Sandrine arrive à bout d’un 6B dans le secteur de la Colline de Lun. Sur la voie voisine, Manu et Benjamin (qui porte bien son nom, étant à 16 ans le plus jeune du séjour) s’acharnent dans un 6C. Sandrine rit. Manu crie.

A la fin de la journée, voici venu le temps du ménage, mené efficacement dans le gîte 1 par Amélie. Une fois que tout est propre, personne ne veut pour autant aller se coucher. On traîne dans les canapés, sous le regard d’une improbable statue de marmotte en plastique. Comme souvent au cours du séjour, un sujet domine les conversations : l’escalade. Il est question des voies grimpées durant la semaine. Et de celles qui pourront l’être lors du prochain séjour.

Julien D.